Après plusieurs mois d’embargo destiné à redresser les prix, la RDC a officiellement annoncé la reprise de ses exportations de cobalt. Le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a confirmé cette décision mardi 23 décembre, marquant ainsi la fin d’un blocage total instauré en février 2025. Cette suspension visait, selon les autorités, à défendre la souveraineté nationale sur les ressources minières et à enrayer la chute des prix provoquée par un surplus mondial. Le ministre a salué la remontée des cours, validant la stratégie menée sous l’égide de l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (Arecoms).
La déclaration ministérielle intervient alors que les premières opérations concrètes du nouveau système de quotas d’exportation, établi en octobre, commencent à se déployer. Dès le lundi 22 décembre, des prélèvements d’échantillons ont été effectués en vue des premières expéditions, notamment pour le compte du géant chinois CMOC, l’un des principaux producteurs opérant en RDC. Ces analyses, nécessaires pour valider la conformité des cargaisons, prennent plusieurs jours. Une source au sein de Tenke Fungurume Mining, filiale de CMOC, a indiqué que les premières cargaisons ne devraient pas quitter le pays avant janvier et porteront sur de « petits volumes », confirmant une phase de démarrage prudent.
Cette reprise progressive suit une période d’incertitudes réglementaires. Bien que le régime de quotas ait été annoncé en octobre, l’absence de textes d’application avait maintenu un blocage effectif des expéditions. Une note circulaire interministérielle publiée début décembre a permis de lever une partie de ces obstacles, ouvrant la voie à une phase de test opérationnelle. Cependant, des interrogations persistent, notamment sur le sort des quotas non utilisés pour l’exercice 2025. Le cadre actuel stipule qu’ils ne sont ni transférables ni reportables, en dehors d’une tolérance exceptionnelle en fin d’année.
Pour la RDC, premier producteur mondial de cobalt, l’enjeu est de taille. Il s’agit de démontrer sa capacité à appliquer durablement ce nouveau cadre de gestion des exportations, conçu pour contrôler l’offre et stabiliser les prix. Les autorités doivent concilier la défense de la souveraineté et des recettes fiscales avec la nécessité de préserver l’attractivité du secteur minier pour les investisseurs internationaux.
De leur côté, les entreprises minières doivent s’adapter à un dispositif encore en rodage, dont l’impact sur les volumes exportés et les chaînes d’approvisionnement mondiales reste à évaluer. Les prochaines semaines seront déterminantes pour observer si la dynamique engagée permet une reprise fluide et soutenue des flux, ou si les contraintes administratives continueront de peser sur la relance effective de ce marché stratégique.
Amen K.