Le sommet de la Confédération des États du Sahel s’ouvre ce mardi à Bamako dans un moment décisif pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Réunis dans la capitale malienne, les trois chefs d’État doivent transformer l’union politique récemment scellée en une architecture institutionnelle fonctionnelle. Ce rendez-vous, initialement prévu avec la présence simultanée des dirigeants, a vu son programme ajusté pour intégrer l’arrivée attendue du président burkinabè Ibrahim Traoré, soulignant la recherche d’une unité de façade à un tournant critique.
Au cœur des discussions, la mise en place effective des organes de la Confédération domine l’agenda. Les dirigeants sont pressés d’activer des structures concrètes, telles qu’un état-major militaire intégré et des instances permanentes de coordination politique. La répartition des futures administrations et le choix des sièges institutionnels figureront parmi les sujets nécessitant un accord rapide pour donner corps au projet confédéral.
La sécurité collective constitue l’autre pilier urgent de ce sommet. Face à la persistance des groupes armés et à des tensions géopolitiques régionales accrues, les trois pays doivent passer des déclarations d’intention à une collaboration opérationnelle. L’harmonisation des dispositifs militaires, la mutualisation du renseignement et les modalités d’une force conjointe seront examinées pour tenter de concrétiser l’ambition d’une défense commune et autonome.
L’affirmation d’une souveraineté économique et stratégique complète le triptyque des enjeux. Les dirigeants échangeront sur les projets structurants visant à réduire les dépendances extérieures, notamment la création d’une banque d’investissement confédérale, le développement de corridors logistiques sécurisés et l’exploitation commune des ressources énergétiques et minières. Il s’agit de traduire en actions la rupture revendiquée avec les modèles économiques hérités.
Enfin, ce sommet doit permettre d’affiner une posture diplomatique commune. Dans un environnement international souvent critique, le Mali, le Burkina Faso et le Niger chercheront à unifier leur discours et leurs stratégies de négociation, que ce soit face à la CEDEAO, à l’Union africaine ou vis-à-vis de divers partenaires internationaux. La gestion coordonnée des transitions politiques en cours sera également à l’ordre du jour.
Tenue à Bamako, ville symbolique des ruptures stratégiques récentes, cette rencontre fondatrice vise à prouver que la Confédération dépasse le stade du manifeste politique. Les décisions qui y seront prises dessineront la capacité réelle de l’AES à incarner une alternative institutionnelle et sécuritaire viable pour les trois États et leurs populations.
Amen K.