Togo : près de 30 milliards FCFA mobilisés en une décennie pour les réparations transitionnelles

L’État togolais a mobilisé près de 30 milliards de francs CFA sur dix ans pour financer les indemnisations et réparations issues du processus de justice transitionnelle. Selon les données présentées à Lomé, le fonds spécial géré par le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) a rassemblé environ 29,6 milliards FCFA à travers huit étapes. Sur ce montant, 24,8 milliards ont été directement consacrés aux indemnisations et réparations.

Le détail de l’allocation révèle que 23,6 milliards FCFA ont été versés sous forme d’indemnisations financières individuelles. S’y ajoutent 832 millions pour les réparations communautaires, 203 millions pour les réparations mémorielles et 144 millions pour les bourses d’études attribuées aux orphelins. Les dépenses de fonctionnement du programme représentent, quant à elles, 4,8 milliards FCFA sur la période décennale.

Au total, ce sont 33 331 victimes de violences sociopolitiques survenues entre 1958 et 2015 qui ont été indemnisées depuis le démarrage effectif du programme en 2017. Pour la seule huitième étape, couvrant les années 2024 et 2025, près de trois mille personnes (2 838 victimes) ont bénéficié de ces dédommagements. Les opérations se sont déroulées lors de quatorze sessions organisées à Guérin-Kouka, Lomé et Sotouboua. Parallèlement, 209 enfants orphelins ont été enrôlés comme boursiers, dont 183 en 2024 et 26 en 2025.

Issu des recommandations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR), le programme de réparations ne se limite plus aux seules compensations individuelles. Le HCRRUN élargit désormais son action à d’autres formes de réparation. Celles-ci incluent la restitution de biens, la prise en charge psycho-médicale des victimes, ainsi que des réparations collectives et mémorielles destinées à panser les plaies de communautés entières et à préserver la mémoire des événements.

Cette approche multidimensionnelle vise à répondre aux préjudices subis de manière plus holistique, en addressant à la fois les besoins matériels, psychologiques et symboliques des victimes et de la société. L’investissement financier substantiel consenti par l’État témoigne de la volonté de mettre en œuvre les conclusions du processus de vérité et de réconciliation, dans un objectif de pacification durable et de renforcement de la cohésion nationale.

Amen K.

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