Burkina Faso : L’assurance climatique indicielle, une bouée de sauvetage pour les agriculteurs face aux caprices du ciel

À Ziniaré, dans la région du Plateau central, les acteurs du Projet de promotion d’une assurance climatique indicielle pour les petits exploitants agricoles (PPACI-BF) se sont réunis ce jeudi 18 décembre 2025. Cette rencontre cruciale intervient dans un contexte d’urgence : l’agriculture burkinabè, pilier de l’économie et principale source de subsistance, suffoque sous les assauts répétés des aléas climatiques. Sécheresses prolongées, pluies erratiques et poches de sécheresse en pleine saison des pluies deviennent la norme, plongeant des milliers de familles dans la précarité. Face à cette nouvelle réalité, l’innovation assurantielle apparaît non plus comme une option, mais comme une nécessité vitale.

Le principe de l’assurance climatique indicielle est à la fois simple et révolutionnaire. Contrairement aux systèmes traditionnels qui exigent une évaluation des pertes parcelle par parcelle un processus long et coûteux , ce modèle se déclenche automatiquement lorsque des paramètres objectifs et mesurables sont atteints. Ces indices, comme le déficit pluviométrique sur une station météorologique donnée, sont vérifiables et incontestables. Dès qu’un seuil prédéfini est franchi, les agriculteurs assurés reçoivent une indemnisation rapide, sans qu’un expert n’ait à constater les dégâts sur leurs champs.

Les bénéfices potentiels de cette initiative pour le monde agricole sont considérables. Premièrement, elle offre une protection financière immédiate, permettant aux exploitants de faire face à une mauvaise saison sans devoir vendre leurs actifs productifs (bétail, outils) ou sombrer dans l’endettement. Deuxièmement, elle agit comme un catalyseur de modernisation. En réduisant le risque perçu par les institutions de microfinance et les coopératives, elle facilite l’accès des agriculteurs au crédit pour investir dans des semences améliorées, des engrais ou des systèmes d’irrigation résilients. Enfin, elle introduit une culture de la gestion proactive des risques climatiques, encourageant les producteurs à adopter des pratiques agricoles plus adaptées.

Cependant, le déploiement réussi du PPACI-BF devra surmonter d’importants défis. La fiabilité et la densité du réseau de stations météorologiques sont cruciales pour garantir l’équité et la précision des indices. La pédagogie et l’accessibilité financière de ces produits pour les petits exploitants, souvent peu familiers avec les concepts assurantiels, seront également déterminantes. Si ces obstacles sont levés, l’assurance indicielle pourrait bien constituer l’une des innovations les plus structurantes pour l’agriculture burkinabè, en transformant la vulnérabilité en résilience et en offrant aux paysans la sérénité nécessaire pour investir et produire, même sous un ciel de plus en plus imprévisible.

Amen K.

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