Perdu à Manchester United, Antony a retrouvé en Andalousie l’éclat qui fit jadis sa renommée. L’ailier brésilien de 24 ans, prêté puis acquis définitivement par le Real Betis pour 25 millions d’euros, vit une seconde jeunesse en Liga. Un renouveau qui pourrait bien lui ouvrir les portes de la Seleção à l’approche de la Coupe du Monde 2026.
Le contraste avec sa période anglaise est saisissant. À Manchester United, le joueur acheté 95 millions d’euros en 2022 portait le poids d’un transfert record comme un fardeau. Seulement 12 buts en 96 matches, des performances en dents de scie, des critiques récurrentes : « À Manchester, je ne me sentais plus moi-même », confessera-t-il. Le football physique et direct de Premier League étouffait son jeu instinctif et technique.
C’est à Séville, sous la houlette de Manuel Pellegrini, qu’Antony a retrouvé son âme. Intégré dans un système offensif en 4-2-3-1 qui valorise sa créativité, le Brésilien a débloqué son potentiel : 9 buts et 5 passes décisives en six mois, dont des prestations remarquées face à Villarreal et Majorque. Son rôle clé dans l’épopée européenne du Betis jusqu’en finale de Ligue Conférence a définitivement scellé son rachat.
Au-delà des statistiques, c’est une transformation mentale qui impressionne. « J’ai parlé avec ma mère et ma sœur, et je pleurais de joie d’avoir signé ici », racontait l’intéressé, ému, lors de sa présentation. Pellegrini a su canaliser son énergie : « Je lui ai dit de jouer tranquillement, de faire des choses simples sans chercher à montrer qu’il est bon avec le ballon, mais qu’il est bon pour l’équipe ».
Cette résurrection sportive n’a pas échappé à Carlo Ancelotti, sélectionneur du Brésil, qui l’avait convoqué en mai dernier. Si la concurrence reste féroce avec Rodrygo, Savinho et les jeunes pousses brésiliennes en Europe, Antony a replacé son nom dans le débat. « Porter le maillot du Brésil est un rêve, je travaille chaque jour pour ça », confiait-il récemment.
À 24 ans, celui qui incarne le parcours tourmenté des talents brésiliens exportés trop tôt semble avoir mûri. Plus apaisé, plus efficace, il a transformé ses excès en combativité. Dans une Seleção en reconstruction après le Mondial 2022, son profil technique et son regain de forme pourraient s’avérer précieux. La Coupe du Monde 2026 représenterait l’ultime rédemption pour ce joueur qui, il y a peu, semblait irrémédiablement égaré.
Amen K.