La récente annonce du KORAG, dévoilant des affaires de corruption impliquant des douaniers et des acteurs judiciaires, a jeté une lumière crue sur l’ampleur du défi. Cette instance stratégique, chargée de définir et de contrôler la vision nationale, ne se contente pas de révéler les malversations. Elle incarne la colonne vertébrale d’un dispositif étatique de plus en plus robuste, conçu pour enrayer la corruption et le blanchiment de capitaux, fléaux qui minent le développement du Burkina Faso depuis plusieurs années.
La pierre angulaire de cette lutte réside dans la consolidation de l’environnement juridique. L’adoption de lois plus sévères contre l’enrichissement illicite, la corruption et le blanchiment d’argent fournit un cadre répressif solide. l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (ARCOP) veille à la transparence des contrats de l’État, tandis que la Brigade Mobile de Contrôle Economique et de la Répression des Fraudes constitue le bras armé de la justice sur le terrain. Le KORAG, quant à lui, opère comme un cerveau opérationnel, supervisant la cohérence et l’efficacité de l’ensemble de ces actions.
Pour asphyxier les circuits de blanchiment, le Burkina Faso a considérablement renforcé la surveillance des flux financiers. La Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CEN-TIF) joue un rôle clé en analysant les déclarations de soupçon et en traquant les mouvements de fonds anormaux. Les institutions financières sont tenues de respecter des obligations strictes de connaissance de leur client et de signalement des transactions suspectes. Ce filet financier vise à identifier et à geler les avoirs d’origine illicite avant qu’ils ne soient recyclés dans l’économie légale.
Au-delà des mécanismes étatiques, le KORAG en appelle directement à la vigilance des Burkinabè. L’instance l’a rappelé ce 12 novembre que la lutte est âpre et peut générer des manipulations. Des canaux de dénonciation sécurisés, associés à des campagnes de sensibilisation, visent à encourager la population à rompre la loi du silence. Protéger les lanceurs d’alerte et renforcer la confiance dans les institutions sont des défis majeurs pour garantir l’efficacité à long terme de ce combat.
Cette lutte multidimensionnelle n’est pas seulement une question de bonne gouvernance. Elle est présentée comme un impératif pour la sécurité et la souveraineté du pays. En assainissant les finances publiques et en tarissant les sources de financement illicites, l’État burkinabè entend se renforcer pour faire face à tous les défis, sécuritaires et économiques.
Si le chemin reste long, la mise en lumière des affaires, comme celle révélée cette semaine, démontre que le système commence à fonctionner. La combinaison d’une volonté politique, d’outils institutionnels spécialisés et d’une mobilisation citoyenne apparaît comme la seule stratégie viable pour venir à bout de ces maux endémiques.
Amen K.