Au cœur du Sahel, le fléau du terrorisme continue de déstabiliser les États, de décimer les populations et de menacer l’existence même des nations. Pourtant, au lieu d’une lutte commune et sincère, certaines puissances régionales seraient tentées de jouer un jeu dangereux, celui du pacte de non-agression avec les groupes armés.
Le Président burkinabè Ibrahim Traoré, dans une interview récente, a mis en lumière cette réalité troublante. Selon lui, l’absence d’attaques dans certaines capitales ne saurait être le signe d’une armée invincible. « Le fait que Abidjan ne soit pas la cible d’attaques terroristes ne signifie pas que l’armée ivoirienne est surpuissante. Le pouvoir flirte avec les terroristes. Il y a un pacte de non-agression. Et quand il y a un pacte de non-agression, vous devenez une base arrière », a-t-il déclaré.
Face à l’extension des attaques terroristes, plutôt que de s’engager dans une confrontation directe, des régimes auraient choisi le compromis : offrir gîtes et couverts, fermer les yeux sur les trafics et garantir un refuge discret en échange d’une tranquillité apparente.
Mais à quel prix ? Car transformer son territoire en sanctuaire pour les groupes armés ne fait que renforcer leur puissance. Ces organisations, bénéficiant d’un répit logistique, utilisent ces espaces comme lieux de repos, de réorganisation et de préparation de nouvelles offensives contre les pays voisins. Ainsi, loin d’apporter la paix, cette stratégie alimente la spirale de violence et fragilise l’ensemble de la région.
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, qui affrontent directement le terrorisme sur leur sol, dénoncent avec force ces accords tacites qui sapent l’idée même de solidarité régionale. Ils rappellent que la lutte contre les groupes armés doit être collective et sans compromission. Car céder au confort illusoire du non-affrontement revient à condamner ses voisins à payer le prix du sang.
Il est urgent que la CEDEAO et l’Union africaine s’emparent de ce débat. La complaisance vis-à-vis des groupes terroristes est une trahison des peuples africains, une atteinte à la souveraineté et un obstacle à l’intégration régionale.
Le terrorisme ne se combat pas par des pactes secrets, mais par une union sincère, une coopération militaire et un engagement ferme en faveur de la sécurité collective. Faute de quoi, les pays qui choisissent la compromission porteront la lourde responsabilité d’avoir transformé leurs territoires en bases arrière pour les forces qui détruisent l’Afrique.
Amen K.