L’Afrique de l’Ouest, principal fournisseur mondial de karité, traverse une période d’incertitude inédite. Cette filière stratégique, qui génère des milliers d’emplois dans la région, fait face depuis début 2025 à une série de restrictions à l’exportation qui perturbent les échanges internationaux.
Après le Burkina Faso en septembre 2024, suivi du Mali en octobre, ce sont la Côte d’Ivoire et le Togo qui ont suspendu les exportations d’amandes de karité, respectivement en janvier et avril 2025. Une décision qui, selon Anaïs Chotard, analyste du marché au sein du service commercial N’kalô, rend la situation particulièrement difficile à anticiper.
Ce durcissement des politiques d’exportation intervient dans un contexte de stocks faibles en Europe, dû à une baisse de l’offre depuis deux ans, alors que la demande explose, notamment dans les secteurs du chocolat et de la confiserie. Avec la flambée des prix du cacao, le beurre de karité devient une alternative de plus en plus prisée grâce à sa stabilité thermique et à son faible coût.
Selon la réglementation européenne, jusqu’à 5 % de matières grasses végétales dont le beurre de karité peuvent être ajoutées au chocolat sans modifier son appellation légale. Ce levier a stimulé la demande, mais les nouvelles restrictions régionales risquent de renforcer la pression sur les prix.
Si les interdictions d’exportation ont parfois bénéficié aux transformateurs locaux, comme au Mali ou au Burkina Faso, les capacités de transformation restent encore limitées en Côte d’Ivoire et au Togo. Des fuites informelles persistent, rendant les effets à long terme incertains.
Dans son bulletin du 11 juillet, N’kalô relève des prix très variables selon les pays : jusqu’à 440 FCFA/kg au Burkina Faso, contre des niveaux plus bas au Mali ou au Nigeria. Une production moyenne dans plusieurs bassins et une forte pression locale sur l’achat entretiennent une tendance haussière, dans un marché disparate, tendu et difficile à stabiliser.
Amen K.