AES : UEMOA, quand l’hypocrisie se donne des allures de diplomatie

Le rideau s’est levé, non pas sur une scène de coopération sous-régionale éclairée, mais sur un théâtre d’ombres où les intérêts mesquins tiennent lieu de ligne diplomatique. À Lomé, ce vendredi, la 2e session ordinaire annuelle du Conseil des ministres de l’UEMOA s’est muée en un fiasco retentissant, non pas à cause des absents, mais bien à cause de la duplicité de certains présents. Les représentants de l’Alliance des États du Sahel (AES), fatigués de jouer les figurants dans une farce où l’équité est piétinée, ont quitté la salle avant la fin de la représentation.

Le différend ? Une querelle apparemment protocolaire autour de la présidence tournante de l’Union, qui devait logiquement revenir au Burkina Faso. Mais voilà : dans les hautes sphères de l’UEMOA, certains semblent avoir adopté un nouveau principe de gouvernance, le déni diplomatique. Soutenus par le Mali et le Niger, les Burkinabè revendiquent ce qui leur revient de droit, selon l’ordre établi. En retour, ils reçoivent un silence froid, teinté de mépris politique, comme si leur départ de la CEDEAO les avait soudainement frappés d’indignité régionale.

Il faut croire qu’il est désormais plus commode pour certains États de bloquer dans l’ombre que de convaincre à la lumière. Refuser la présidence à un pays membre sous prétexte de réalignement géopolitique n’est rien d’autre qu’un coup de canif dans le tissu fragile de l’intégration ouest-africaine. Et que dire de cette prétendue neutralité de l’UEMOA ? Elle vacille dangereusement sous les assauts d’intérêts biaisés, bien peu soucieux de l’idéal communautaire.

Ce que l’on observe, c’est une tentative à peine voilée d’humilier l’AES, de la marginaliser à défaut de la soumettre. Lorsqu’on prétend œuvrer à l’unité tout en conspirant contre une présidence légitime, on ne fait pas de la diplomatie : on joue au saboteur sous uniforme.

Ce déni institutionnel n’est pas seulement une entorse au règlement ; il est l’expression d’un malaise profond, d’un refus de voir l’AES s’affirmer, hors du carcan d’un ordre ancien vacillant. À force de piétiner la dignité des peuples, certains finiront par récolter l’orage. Car les États du Sahel n’ont plus l’intention de plier et encore moins de quémander.

Amen K.

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