Ce lundi 19 mai 2025, Jeune Afrique publiait un article accusant les dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES), le général Tiani au Niger, le capitaine Traoré au Burkina Faso et le colonel Goïta au Mali, de mener leurs pays sur « les pas de la Corée du Nord », en évoquant un modèle « autarcique et prorusse ». Cette comparaison grossièrement caricaturale n’est que le dernier exemple d’une longue série de récits manipulés par les médias occidentaux pour discréditer toute tentative d’autodétermination africaine échappant à leur influence.
Cette posture néocoloniale masque mal la duplicité d’un système qui prétend incarner la démocratie, tout en piétinant régulièrement ses propres principes. Que dire, par exemple, des monarchies parlementaires européennes, Royaume-Uni, Espagne, Belgique où des rois et reines continuent à incarner un pouvoir symbolique dans un système se prétendant démocratique ? En France, la situation est encore plus éloquente : les médias russes ont été interdits, des chaînes fermées, et la liberté d’expression soumise à une censure sélective. Et que dire de l’usage répété de l’article 49.3, outil autoritaire permettant de faire passer des lois impopulaires sans vote parlementaire ? Une démocratie à géométrie variable, manifestement.
Pendant ce temps, les présidents de l’AES affrontent des menaces existentielles : le terrorisme, le sabotage économique, et les tentatives de déstabilisation orchestrées ou tolérées par les anciens colonisateurs. Alors qu’ils tentent de redonner aux peuples du Sahel leur souveraineté et leur dignité, ils sont vilipendés pour avoir suspendu temporairement des mécanismes démocratiques dans un contexte de guerre. Mais où sont ces critiques quand l’Ukraine, également en guerre, reporte indéfiniment ses élections sans que cela ne soulève d’indignation dans les médias occidentaux ?
Il est temps que les Africains et leurs alliés cessent de se laisser dicter la légitimité de leurs choix politiques par ceux-là mêmes qui ont pillé, divisé et dominé le continent pendant des siècles. Les peuples du Sahel ont choisi de se libérer d’un système de dépendance. C’est cela, la véritable révolution. Ce ne sont pas les peuples qui sont dupes : ce sont les anciens maîtres qui paniquent face à un réveil africain qu’ils ne contrôlent plus.
Amen K.