Somalie : Le rapport alarmant de l’ONU sur la résilience persistante d’Al-Chabab

Un rapport des experts de l’ONU publié mercredi dresse un constat sans appel : le groupe islamiste Al-Chabab reste, malgré des années d’opérations militaires, la « plus grande menace immédiate » pour la paix et la stabilité en Somalie et dans la région, notamment au Kenya. Le document révèle la capacité d’adaptation et la persistance de l’organisation, qui ne se limite plus à de simples attaques armées.

La menace incarnée par Al-Chabab est présentée comme protéiforme. Le groupe maintien une pression militaire directe, comme en témoigne la tentative d’assassinat contre le président somalien Hassan Sheikh Mohamud le 18 mars dernier à Mogadiscio. Cependant, son pouvoir s’appuie sur des mécanismes plus insidieux et tout aussi efficaces. Les experts pointent son recours systématique à l’extorsion, au recrutement forcé et à une « machine de propagande efficace ». Cette combinaison lui permet de consolider son emprise sur les populations, de financer ses activités et de pérenniser son influence, au-delà des frappes militaires qu’il subit.

Le rapport détaille l’impact régional de cette menace, en particulier pour le Kenya. Al-Chabab y mène en moyenne six attaques par mois en 2024, principalement dans les comtés frontaliers de Mandera et de Lamu. Son arsenal tactique est varié : attentats aux engins explosifs improvisés visant les forces de sécurité, attaques contre les infrastructures, mais aussi enlèvements, raids dans les habitations et vols de bétail. Ces actions illustrent la porosité de la frontière et la capacité du groupe à projeter son activité au-delà du territoire somalien, poursuivant son objectif déclaré d’établir une « Grande Somalie » sous un régime islamique strict.

Le document onusien s’intéresse également à la branche somalienne de l’État islamique (EI), connue sous le nom d’ISIL-Somalie. Bien que numériquement et financièrement plus faible qu’Al-Chabab, avec environ 1 000 combattants fin 2024, son « expansion constitue une menace importante ». Les experts notent que plus de 60 % de ses effectifs sont des combattants étrangers, recrutés principalement en Afrique de l’Est, signe de son attractivité dans la nébuleuse jihadiste mondiale. Cette présence crée une dynamique de rivalité et de compétition qui complexifie davantage le paysage sécuritaire.

Face à ce double péril, le Conseil de sécurité de l’ONU a récemment prolongé jusqu’au 31 décembre 2026 le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (ATMIS). Cette force, qui compte près de 11 826 personnels en uniforme, demeure un pilier essentiel du soutien aux forces gouvernementales somaliennes. Le rapport souligne ainsi l’urgence d’une approche globale, combinant pression militaire, lutte contre le financement du terrorisme et contre-propagande, pour venir à bout d’une organisation dont la résilience défie les stratégies purement sécuritaires.

Amen K.

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