Le gouvernement camerounais et la société Opalm ont officialisé, le 22 décembre 2025 à Yaoundé, un projet agro-industriel d’envergure destiné à réduire la dépendance aux importations d’huile de palme. Par la signature de deux conventions d’investissement et d’un cahier de charges, les partenaires ont lancé un programme quinquennal dont la première étape sera la construction d’une usine dans le département du Nyong-Ekelle (région du Centre).
Les travaux de cette première unité doivent commencer au premier trimestre 2026 pour une livraison prévue au plus tard au troisième trimestre 2027. Elle sera suivie de quatre autres usines dans les bassins de production du pays, pour un investissement global de 45 milliards de FCFA. Le projet générera 450 emplois directs et environ 1200 emplois indirects.
L’ambition est de répondre à un déficit structurel. Actuellement, le Cameroun présente un déficit annuel de production d’huile de palme estimé à 300 000 tonnes. Cette pénurie handicape lourdement l’industrie locale de transformation (raffineries, savonneries), qui ne fonctionne qu’à 40-50% de ses capacités, pourtant évaluées à 1,2 million de tonnes par le ministre de l’Agriculture, Gabriel Mbairobe.
Le directeur général d’Opalm, Tarek Daoud, a annoncé que le programme de sa société permettra d’ajouter 108 000 tonnes aux capacités nationales. « Soit une réduction du déficit d’environ 50% », a-t-il précisé. Cette hausse de la production locale vise à permettre aux unités de transformation de tourner enfin à plein régime. Au-delà de la dynamisation de la filière, ce projet s’inscrit au cœur de la politique gouvernementale d’import-substitution, qui cherche à développer la production locale pour réduire les importations et le déficit commercial. L’huile de palme est un poste critique, avec des importations annuelles d’environ 100 milliards de FCFA, elle pèse significativement sur la balance commerciale du pays.
« Le projet de la société Opalm vient aider l’État à rééquilibrer un tout petit peu cette balance commerciale », a souligné le ministre Mbairobe. L’entreprise, quant à elle, affiche un double objectif : accompagner l’État dans la structuration du monde rural et accroître la production nationale.
Grâce aux facilités prévues par le code des investissements et un cadre de synergie avec les producteurs de noix de palme, ce partenariat public-privé pourrait marquer un tournant dans la quête d’autosuffisance pour cette denrée stratégique. Si le calendrier est tenu, le Cameroun pourrait significativement infléchir sa courbe d’importations d’ici à la fin de la décennie.
Amen K.