En visite officielle à Kinshasa, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Mohamed Ali Youssouf, a renouvelé jeudi l’engagement de l’organisation continentale aux côtés de la République démocratique du Congo. Reçu par le président Félix Tshisekedi, le haut responsable a assuré que « l’Afrique n’a pas abandonné la RDC », exprimant le vœu de voir le pays retrouver une paix durable.
Les discussions ont principalement porté sur le conflit qui ravage l’Est du pays et sur le rôle que l’UA pourrait jouer pour soutenir les processus de paix en cours, notamment ceux initiés à Washington et à Doha. Cette visite de travail intervient dans un contexte de dégradation sécuritaire alarmante, malgré la signature récente d’un accord de paix entre Kinshasa et Kigali sous l’égide des États-Unis.
Sur le terrain, la situation contredit les avancées diplomatiques. Dans la province du Sud-Kivu, les affrontements se sont intensifiés. Des combats impliquant, selon les autorités congolaises, l’armée rwandaise et ses supplétifs de la coalition AFC/M23, ont visé le territoire d’Uvira. Le gouvernement congolais fait état d’un bilan humain dramatique, avec 413 civils tués en moins d’une semaine dans cette seule zone.
Cette escalade survient alors que Kigali a officiellement annoncé un retrait de ses troupes, suite aux pressions internationales. Cependant, les autorités provinciales du Sud-Kivu doutent de la sincérité de ce désengagement. Elles dénoncent une manœuvre de la rébellion et de ses soutiens visant à réduire la pression diplomatique et médiatique, sans réelle volonté de cesser les hostilités ou de libérer les territoires occupés.
Le décalage est ainsi saisissant : d’un côté, des initiatives diplomatiques actives impliquant de grandes puissances et l’UA ; de l’autre, une réalité guerrière qui continue de coûter la vie à des centaines de civils et de déplacer des milliers d’autres. L’Est de la RDC reste piégé dans un cycle de violence où les groupes armés prolifèrent, exploitant les failles de l’État et les richesses du sous-sol.
La réaffirmation du soutien de l’Union africaine est donc un signal politique important pour Kinshasa. Elle rappelle que la crise congolaise reste une préoccupation continentale majeure. Toutefois, cette solidarité verbale se heurte à l’urgence d’une action concrète et coordonnée capable d’imposer un cessez-le-feu effectif et d’ouvrir la voie à une paix tangible pour des populations épuisées par des décennies de conflit.
Amen K.