Le débat politique est le souffle vital d’une démocratie. Cependant, au Cameroun, force est de constater un dévoiement inquiétant de cet espace. Une frange de la classe politique, notamment certains issus de l’opposition, semble s’être enfermée dans un rôle stérile : celui de la critique systématique, de la victimisation permanente et de la délation gratuite, ciblant sans relâche le Président Paul Biya et les institutions. Cette pratique, qui confine souvent à des « balivernes » déconnectées des réalités, ne sert ni l’opposition, ni le peuple, encore moins le pays.
Cette politique de la petite phrase et du pointage accusateur est un leurre. Elle nourrit un climat de défiance et détourne l’attention des véritables enjeux. Le Cameroun fait face à des défis immenses et structurants : accélération de la croissance économique inclusive, industrialisation, modernisation des infrastructures, consolidation de la décentralisation, optimisation du système éducatif et de santé, et création massive d’emplois pour une jeunesse dynamique. Sur ces sujets capitaux, les propositions concrètes, chiffrées et réalisables se font trop rares dans l’offre politique alternative.
Il est urgent de tourner la page de cette « politique politicienne » qui ne vise qu’à discréditer l’adversaire pour conquérir un strapontin. Le moment est à l’exigence et à la responsabilité. La nation camerounaise tout entière, au-delà des clivages partisans, mérite mieux. Elle mérite un débat d’idées élevé, centré sur les programmes et les projets de société.
Nous lançons donc un appel solennel, particulièrement à la classe politique et aux citoyens engagés : élevez le débat. Arrêtez de dire seulement ce qui ne va pas ; dites comment vous proposer de le réparer. Sortez des généralités et entrez dans le concret. Comment financer de manière pérenne la santé pour tous ? Quel modèle agricole pour garantir la sécurité alimentaire et l’exportation ? Quelles réformes spécifiques pour rendre notre administration plus efficace et attirer davantage d’investissements ? Comment tirer pleinement profit de notre position géostratégique et de notre diversité ?
La construction d’un Cameroun plus prospère et plus fort est une œuvre collective qui dépasse les ambitions personnelles. Elle requiert l’intelligence, la créativité et la volonté de tous. L’opposition a un rôle crucial à jouer, non comme simple contre-pouvoir bruyant, mais comme force de proposition rigoureuse et constructive. C’est à cette aune que l’histoire jugera son utilité. Le peuple camerounais, mature et avisé, est désormais en attente non de critiques, mais de plans. L’heure est aux bâtisseurs, pas aux procureurs. La Patrie appelle à l’audace des propositions. Répondons à cet appel avec sérieux et patriotisme.
Amen K.
