Cameroun : Deuil national d’Anicet Ekane, quand la tragédie devient un champ de bataille politique.

La disparition tragique d’Anicet Ekane aurait dû être un moment de recueillement national, une pause unanime dans le tumulte de la vie publique pour honorer une vie et accompagner une famille dans sa douleur. Pourtant, force est de constater, avec une profonde amertume, que ce deuil a été détourné de sa solennité pour être transformé en une arène de règlements de comptes politiques.

L’État, par la voix de ses représentants, a pourtant affiché une volonté claire : faire la lumière sur les circonstances de ce décès. Cette démarche, qui devrait être la priorité absolue et rassembler au-delà des clivages, est malheureusement éclipsée par des manœuvres indignes. Certains acteurs de la classe politique, notamment dans l’opposition, semblent avoir choisi une autre voie, celle de l’instrumentalisation. En prétendant dicter qui aurait le droit ou non de se joindre au dernier hommage, ils franchissent une ligne éthique rouge. Ils transforment une cérémonie funéraire, espace sacré du chagrin privé et du respect collectif, en un meeting politique, en un outil d’exclusion et de stigmatisation.

Cette politisation à outrance est non seulement irrespectueuse envers la mémoire du défunt et sa famille, déjà éprouvée, mais elle est aussi profondément toxique pour le tissu social camerounais. Elle attise inutilement les tensions et s’éloigne des valeurs de paix et de cohésion nationale que nous devrions tous chérir, surtout en période de fragilité. Le discours qui consiste à diviser même dans la mort, à créer des camps parmi les endeuillés, est l’antithèse de l’unité.

Il est crucial de rappeler une évidence : si la politique est le cadre par lequel nous sommes gouvernés, elle ne doit pas être le prisme déformant à travers lequel nous voyons absolument tout. Il existe des sphères – la mort, le deuil, la dignité humaine – qui doivent rester au-dessus de la mêlée partisane. Les utiliser comme des leviers stratégiques révèle un cynisme qui désespère nos concitoyens et sape la confiance dans le débat public.

Aujourd’hui, l’appel est plus que jamais à la raison et à la retenue. Aux faiseurs de polémiques stériles, nous disons : cessez. Cessez de voir dans cette tragédie une opportunité. Cessez d’alimenter les divisions. Laissez la justice et les enquêtes faire leur travail en toute sérénité. Permettez à la famille Ekane et à la communauté de faire leur deuil dans la paix et le respect.

Le Cameroun a besoin de dialogues constructifs, pas de guerres symboliques sur des tombes. Honorer la mémoire d’Anicet Ekane, c’est avant tout choisir le chemin de l’apaisement, de la vérité et du respect commun, loin des calculs politiciens qui, en ces heures sombres, font si mal au pays.

Amen K.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *