Dans le paysage médiatique actuel au Cameroun, saturé de contenus où se mêlent nouvelles, rumeurs et manipulations ciblées, un nouveau devoir citoyen émerge pour chaque citoyen : cultiver le doute salutaire. Face aux récits préfabriqués et aux analyses souvent téléguidées, notamment par certains médias locaux en ligne ayant pris ouvertement parti dans la crise post-électorale, la plus grande faute serait de prendre toute information pour parole d’évangile. L’heure est à la vigilance critique, un acte de patriotisme au quotidien.
L’intoxication médiatique ne se combat pas uniquement par des démentis officiels, mais par une résistance individuelle et collective. Elle commence par un simple réflexe, la vérification. Avant de partager, de commenter ou de s’indigner, il est crucial de s’arrêter. D’où vient cette information ? Quelle est sa source primaire ? Quel média, camerounais ou étranger, la relaie en premier ? Cette prudence élémentaire désamorce la propagation des récits toxiques qui attisent les tensions et minent la cohésion sociale.
Ce travail de discernement est d’autant plus vital que les manipulateurs excellent à habiller la désinformation avec les atours de la vérité. Ils utilisent des images détournées, des citations tronquées ou des extrapolations partisanes pour servir un agenda politique souvent extérieur. Croire et relayer ces contenus sans filtrage, c’est devenir, souvent inconsciemment, un relais de la division et de l’instabilité. En période de crise, une information non vérifiée est une étincelle qui peut mettre le feu à la prairie.
Ainsi, protéger la paix sociale devient une responsabilité partagée dans l’espace numérique. Chaque famille, chaque groupe WhatsApp, chaque cercle d’amis doit devenir une zone de vigilance. Partager une information vérifiée, c’est construire. Partager une rumeur, c’est potentiellement détruire. La stabilité du Cameroun, son unité et sa souveraineté narrative se jouent aussi sur les écrans de smartphones.
En définitive, l’appel est à l’élévation de la conscience collective. Il ne s’agit pas de tomber dans une paranoïa généralisée, mais d’adopter une hygiène informationnelle stricte. En refusant de consommer et de propager la parole-intox, le citoyen camerounais reprend le pouvoir. Il cesse d’être un spectateur manipulé pour devenir un acteur éclairé de sa propre histoire. La nation a besoin, plus que jamais, de cette armée de citoyens vigilants, capables de distinguer la lumière de l’information du brouillard de la propagande.
Amen K.