Le Niger a confirmé tout récemment la mise en vente de la production d’uranium de la Somaïr. Cette décision marque une nouvelle étape dans l’affrontement entre Niamey et l’ancien opérateur historique français, Orano, après la nationalisation de la société en juin 2025.
Le général Abdourahamane Tiani, chef de l’État, y a réaffirmé le « droit légitime du Niger de disposer de ses richesses naturelles » et de les vendre « en toute indépendance ». Cette annonce défie directement une injonction du tribunal arbitral du CIRDI (Banque mondiale), obtenue par Orano en septembre, interdisant toute cession de la production.
La rupture est consommée. D’après Orano, un premier chargement d’uranium a déjà quitté le site de la Somaïr fin novembre, en violation de cette décision. L’industriel français dénonce cette opération et se réserve le droit d’engager des poursuites. Cependant, Niamey montre sa détermination à ne pas se plier à la justice arbitrale internationale, estimant agir dans le cadre de sa souveraineté nationale.
Les racines du conflit sont profondes. Depuis la prise de pouvoir par le général Tiani en juillet 2023, les relations se sont dégradées, aboutissant au retrait du contrôle opérationnel français sur le site d’Arlit, puis à la nationalisation. Le Niger justifie cette mesure par un partenariat déséquilibré, accusant Orano d’avoir capté 86,3% des bénéfices depuis 1971, au-delà de sa participation de 63,4%. Orano rétorque que l’État nigérien a parfois renoncé à acheter sa part, notamment quand les prix étaient bas.
Aujourd’hui, le Niger semble tourné vers de nouveaux partenaires. La presse internationale évoque un vif intérêt de pays comme l’Iran et la Turquie. Selon certaines sources, un accord aurait même été conclu avec le géant russe Rosatom pour la vente de 1 000 tonnes de « yellowcake », un concentré d’uranium, renforçant l’influence de Moscou dans la région.
Cette bataille dépasse le simple cadre commercial. Elle symbolise la redéfinition des relations entre l’ancienne puissance coloniale et un État déterminé à affirmer son contrôle sur des ressources stratégiques. Avec une production de 1130 tonnes en 2023 (2% du mondial), l’uranium nigérien reste un enjeu économique et géopolitique majeur. La décision de Niamey de vendre sa production malgré l’injonction du CIRDI laisse présager un long contentieux, où la souveraineté affichée du Niger s’oppose frontalement aux règles du droit international des investissements.
Amen K.