À l’occasion du 7ᵉ Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne et de l’Union africaine, tenu ce lundi à Luanda en Angola, le Président de la République Démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, a prononcé une intervention remarquée, appelant à une refonte profonde et lucide des relations entre les deux continents. Sous le thème « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme effectif », ce sommet a servi de cadre au Chef de l’État congolais pour dresser un bilan sans concession de vingt-cinq ans de partenariat.
Le Président Tshisekedi a défini les termes d’une évaluation nécessaire, qualifiant cette rencontre de triple impératif : un « moment de bilan », un « moment de vérité » pour identifier les échecs, et surtout, un « moment de projection » vers un avenir commun plus équilibré. Il a insisté sur la nécessité de mesurer l’impact concret de ce partenariat sur la vie quotidienne des populations africaines, une évaluation qui doit se faire, selon lui, avec une lucidité sans faille.
Au cœur de son plaidoyer, le dirigeant congolais a placé l’urgence sécuritaire. Il a fermement rappelé que toute ambition de prospérité économique, de commerce ou d’investissement est conditionnée par l’établissement préalable de la paix et de la sécurité. « La paix et la sécurité y sont devenues des urgences vitales », a-t-il déclaré, pointant du doigt les crises qui secouent le continent. Sans nommer explicitement les acteurs, il a évoqué le cas de son pays, où les principes sacro-saints de souveraineté et d’intégrité territoriale sont « mis à rude épreuve », dénonçant les violations répétées des principes de non-ingérence et de non-recours à la force qui fondent l’ordre continental.
Malgré ce constat sévère, le Président congolais n’a pas cédé au pessimisme. Il a réaffirmé avec force sa foi dans le multilatéralisme, qu’il appelle de ses vœux à être réformé et revitalisé. Son plaidoyer a porté sur la nécessité de construire un système international reposant non sur la loi du plus fort, mais sur des règles claires, impartiales et respectées par tous. Il a exigé une coopération fondée sur la transparence et une solidarité agissante, capable de soutenir les peuples dont les droits fondamentaux sont bafoués.
En définitive, l’intervention du Président Tshisekedi a transcendé le seul cas de la RDC pour porter une voix africaine exigeante et constructive. Elle a rappelé que l’avenir du partenariat UE-UA ne se construira pas sur des déclarations d’intention, mais sur la reconnaissance des échecs passés, une réponse concrète aux urgences présentes, notamment sécuritaires, et l’édification commune d’un multilatéralisme qui, enfin, tienne ses promesses de justice et d’équité pour tous les partenaires.
Amen K.