Ghana : Relancer l’agro-industrie entre allègements fiscaux et pénurie de matières premières.

L’agriculture représente environ 20 % du produit intérieur brut (PIB) du Ghana. Pourtant, à l’instar de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, le pays peine encore à tirer pleinement profit de ce potentiel en raison du faible développement de la transformation agroalimentaire. Pour y remédier, le gouvernement multiplie les initiatives en faveur de l’agro-industrie.

Le vice-ministre du Commerce, de l’Agroalimentaire et de l’Industrie, Sampson Ahi, a réaffirmé, le 13 octobre 2025, la volonté du gouvernement de supprimer les taxes à l’importation sur les équipements destinés à la transformation agroalimentaire. Cette mesure, initialement annoncée par le président John Dramani Mahama en juillet 2025, vise à réduire les coûts des industriels, améliorer l’accès aux équipements modernes et renforcer l’efficacité sur l’ensemble de la chaîne de valeur.

Cette volonté politique intervient dans un contexte dynamique, marqué par plusieurs projets agro-industriels majeurs annoncés en 2025. Le géant nigérian Dangote Sugar a obtenu l’autorisation de construire une sucrerie à Kwame-Danso, d’une capacité de broyage de 12 000 tonnes de canne à sucre par jour. De son côté, le philippin Nu Agri Asia Corporation prévoit un investissement de 129 millions de dollars dans le secteur sucrier, tandis que le groupe singapourien Olam prévoit d’injecter 200 millions de dollars dans des unités de fabrication de pâtes et d’aliments pour animaux.

En parallèle, l’État souhaite renforcer des filières stratégiques telles que le karité et l’huile de palme. Une interdiction progressive des exportations de noix de karité brutes est prévue d’ici 2026, pour stimuler la transformation locale. Un plan d’investissement de 100 millions de dollars a également été lancé dans la filière palmier à huile pour atteindre l’autosuffisance.

Cependant, ces ambitions se heurtent à une réalité difficile : le manque de matières premières. De nombreuses usines tournent à moins de 40 % de leur capacité, comme dans la filière anacarde. En septembre 2025, Usibras Ghana Limited, le plus grand transformateur de cajou du pays, a annoncé son intention de quitter le Ghana pour s’installer en Côte d’Ivoire. L’entreprise cite entre autres les coûts élevés de l’électricité, la rareté des noix, et des conditions commerciales peu favorables. La relance de l’agro-industrie au Ghana devra donc conjuguer politique fiscale, disponibilité des intrants et stabilité des coûts pour devenir une réalité durable.

Amen K.

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