Alors que plusieurs pays africains entament leurs premiers échanges sous le régime de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), la question de sa mise en œuvre effective refait surface. Dans un contexte mondial marqué par des tensions commerciales et la redéfinition des chaînes d’approvisionnement, l’Afrique cherche encore à donner tout son rythme à ce vaste marché commun.
Dernier pays à franchir le pas, l’Éthiopie a annoncé ses premières expéditions commerciales sous le régime de la ZLECAf, composées de viande, de fruits et d’autres produits agricoles à destination de la Somalie, du Kenya et de l’Afrique du Sud. Cette opération marque une étape symbolique dans l’intégration du pays au commerce préférentiel intra-africain.
Depuis 2022, la phase pilote de la ZLECAf, connue sous le nom de Guided Trade Initiative (GTI), a permis à plusieurs États de tester concrètement les mécanismes de dédouanement, les certificats d’origine et les préférences tarifaires. Un rapport de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique précisait qu’au début de 2024, treize pays remplissaient les conditions techniques pour commercer dans ce cadre, tandis qu’une vingtaine avaient déjà soumis leurs offres tarifaires.
Selon l’Afreximbank, la GTI comptait, à la fin de 2024, 38 États participants, dont 37 avaient finalisé leurs barèmes tarifaires et modernisé leurs systèmes douaniers. Ces progrès ont permis les premières expéditions concrètes : batteries kényanes, café rwandais et produits manufacturés namibiens ont circulé vers d’autres marchés africains avec des droits de douane réduits.
Sur le plan institutionnel, la ZLECAf poursuit également sa consolidation : 54 des 55 États membres de l’Union africaine ont signé l’accord et 47 l’ont ratifié. Les protocoles révisés sur l’investissement, le commerce numérique, la concurrence ou encore l’inclusion des femmes et des jeunes témoignent de cette volonté d’adaptation aux enjeux contemporains.
Toutefois, le chemin vers une intégration commerciale complète reste semé d’embûches. Les barrières non tarifaires, la lenteur des procédures douanières et les disparités réglementaires entre États freinent encore la fluidité des échanges. À cela s’ajoute le manque d’infrastructures physiques et numériques adaptées et la lente adoption du Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), essentiel pour réduire la dépendance au dollar et à l’euro.
Malgré ces défis, les perspectives demeurent encourageantes. Afreximbank estime que le commerce intra-africain, en hausse de 12,4 % en 2024, continuera de progresser, porté par la mise en œuvre progressive de la ZLECAf, appelée à devenir l’un des piliers majeurs de la résilience économique du continent.
Amen K.