Le Premier ministre du Burkina Faso, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a représenté la Confédération des États du Sahel (AES) lors d’une rencontre internationale consacrée à la mémoire africaine, à la justice et aux réparations. Cette réunion de haut niveau, tenue le jeudi 25 septembre 2025 à New York, a été organisée par la République du Sénégal au African Burial Ground National Monument, site commémoratif situé au cœur de Manhattan et considéré comme l’un des plus anciens lieux de sépulture d’Africains réduits en esclavage en Amérique du Nord.
Dans son intervention, le chef du gouvernement burkinabè a salué l’initiative qu’il a qualifiée de cadre essentiel de réflexion collective et de dialogue prospectif. Il a souligné que l’histoire des trois nations sahéliennes, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, reste intimement liée aux luttes contre l’esclavage, la domination coloniale et les formes modernes de néocolonialisme. Selon lui, la mémoire des ancêtres enrôlés de force dans les guerres coloniales, les spoliations économiques et les résistances courageuses menées par de grandes figures africaines doit être préservée et valorisée.
Il a rappelé que le changement de nom du pays en « Burkina Faso » en 1984 constituait déjà un acte fort de rupture avec un passé marqué par l’oppression et la dépossession. Ce geste, a-t-il indiqué, se prolonge aujourd’hui à travers le combat pour la souveraineté et la dignité, incarné par le président Ibrahim Traoré et soutenu par les dynamiques similaires en cours au Mali et au Niger. Le Premier ministre a ensuite insisté sur trois axes majeurs liés aux réparations que revendique l’AES : La justice économique, afin d’apporter des réponses aux séquelles persistantes de la colonisation et des inégalités héritées ; l’identité et l’éducation, par la restitution du patrimoine culturel africain et l’intégration dans les programmes scolaires des luttes de résistance menées par les peuples du continent ; la solidarité panafricaine, qui doit consolider les liens entre l’Afrique et ses diasporas et contribuer à la construction d’un développement plus juste et partagé.
Au nom de la Confédération, il a également formulé des propositions concrètes pour nourrir cette dynamique mémorielle et réparatrice. Parmi celles-ci figurent la création de musées de la résistance, à la fois physiques et virtuels, destinés à préserver et transmettre l’histoire ; l’organisation régulière de colloques panafricains sur la restitution des biens culturels ; la mise en œuvre de programmes favorisant le retour des compétences de la diaspora dans des secteurs clés ; la constitution de fonds d’investissement portés par les communautés afro-descendantes afin de soutenir les petites et moyennes entreprises ainsi que les initiatives sociales ; enfin, l’établissement de jumelages culturels et éducatifs avec des villes à forte présence afro-descendante à travers le monde.
Par cette déclaration, le Burkina Faso et ses partenaires de l’AES réaffirment leur volonté de bâtir une mémoire africaine forte, orientée vers la justice et tournée vers un avenir de dignité et d’unité panafricaine.
Amen K.