Il y a deux ans, le retrait de l’AES (le Mali, Burkina, le Faso et le Niger) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait suscité de vives réactions. Plusieurs observateurs, aussi bien sur le plan régional qu’international, prédisaient un déclin économique certain pour ces trois pays sahéliens. Les sanctions imposées, l’isolement diplomatique annoncé et la coupure supposée des échanges commerciaux devaient, selon certains, plonger l’Alliance des États du Sahel (AES) dans une crise sans précédent. Pourtant, l’expérience a démontré le contraire. Loin de s’effondrer, ces économies ont su s’adapter et trouver des alternatives viables.
L’un des premiers constats est la diversification progressive des partenariats économiques. Les trois pays, conscients de leur dépendance historique vis-à-vis des autres pays membres de la CEDEAO, ont exploré de nouvelles voies de coopération avec d’autres acteurs africains, mais aussi avec des partenaires émergents en Asie, au Moyen-Orient et en Europe de l’Est. Cette ouverture a permis de compenser une partie des pertes liées au retrait, tout en réduisant la vulnérabilité aux pressions extérieures.
Dans le domaine commercial, la résilience des marchés locaux s’est affirmée. Malgré des perturbations initiales, notamment dans les corridors d’approvisionnement, les États de l’AES ont renforcé la circulation intra-régionale des biens. Les échanges entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger se sont intensifiés, dynamisant des secteurs clés comme l’agriculture, l’élevage et le commerce de détail. Par ailleurs, des infrastructures routières et des points de passage frontaliers ont été sécurisés pour fluidifier les flux économiques.
Le secteur agricole, pilier de ces économies, a bénéficié d’une attention particulière. Des politiques de soutien à la production locale et de valorisation des filières vivrières et céréalières ont contribué à limiter l’impact de l’inflation et à assurer une certaine autosuffisance alimentaire. Loin des scénarios catastrophiques annoncés, l’AES démontre qu’elle peut compter sur ses ressources internes pour nourrir sa population et soutenir son économie.
Ainsi, deux ans après leur sortie de la CEDEAO, le Mali, le Burkina Faso et le Niger prouvent que les pronostics d’effondrement étaient d’un mirage. Bien que les défis demeurent immenses, l’AES a montré sa capacité à transformer une contrainte en opportunité, à affirmer sa souveraineté et à tracer une voie économique indépendante, en rupture avec les dépendances passées.
Amen K.