Burkina Faso : Faso Bukaore, la justice de proximité au service de la cohésion sociale

Le Burkina Faso s’apprête à franchir une étape significative dans la gestion des conflits en dotant le pays d’un mécanisme légal consacré aux règlements traditionnels des différends. Intitulée « Loi Faso Bukaore », en langue nationale mooré, cette initiative vise à institutionnaliser des instances communautaires chargées de régler les litiges à l’échelle locale, dans chaque secteur et village.

À travers ce dispositif, les citoyens disposeront désormais d’un cadre plus accessible, enraciné dans les réalités culturelles, pour résoudre leurs différends. Selon les orientations données, l’objectif est de permettre aux parties en conflit de saisir en premier lieu l’instance « Bukaore » afin de rechercher une solution rapide et consensuelle, avant d’éventuellement recourir aux juridictions classiques.

L’introduction de ce mécanisme repose sur un double constat. D’une part, la justice formelle, bien que nécessaire et incontournable, reste parfois difficile d’accès pour de nombreux citoyens, en raison de son éloignement géographique, de sa complexité procédurale et des coûts associés. D’autre part, les sociétés burkinabè disposent depuis toujours de pratiques traditionnelles de médiation et de conciliation, reconnues pour leur efficacité dans le maintien de la paix sociale.

La « Loi Faso Bukaore » cherche donc à valoriser ces pratiques endogènes en leur donnant un cadre juridique clair et reconnu par l’État. Elle instaure par ailleurs une complémentarité entre les nouvelles instances et les juridictions existantes : une chaîne de transmission garantira que les décisions ou accords issus des Bukaore puissent être articulés avec le système judiciaire formel, assurant ainsi une cohérence et une légitimité accrues.

Au-delà de la résolution des conflits, ce dispositif revêt une dimension sociale majeure. Il contribue à renforcer le vivre-ensemble, en favorisant le dialogue, la réconciliation et la cohésion au sein des communautés. Les populations pourront trouver des solutions à leurs différends dans un cadre familier, moins formel et plus inclusif, ce qui permettra également de désengorger les tribunaux classiques.

L’instauration des Bukaore pourrait aussi favoriser une meilleure appropriation de la justice par les citoyens, en leur offrant des mécanismes simples, rapides et culturellement adaptés. Dans un pays marqué par des défis sécuritaires et sociaux, cette démarche ouvre une voie prometteuse vers une justice plus proche, plus humaine et mieux ancrée dans les réalités locales.

Avec la « Loi Faso Bukaore », le Burkina Faso fait le choix d’unir tradition et modernité pour offrir à ses citoyens un éventail plus large de solutions aux litiges, tout en consolidant la paix sociale et la confiance envers les institutions.

Amen K.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *