Dans le paysage médiatique souvent tumultueux du Sahel, certaines affirmations franchissent allègrement les frontières de la raison pour entrer dans le royaume de la pure fantaisie. La dernière en date ? Celle du journaliste Wassim Nasr, qui, dans un élan imaginatif des plus audacieux, suggère que les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) du Burkina Faso seraient responsables de la récente attaque survenue au nord de la Côte d’Ivoire. Une accusation si grotesque qu’elle mérite non pas une simple correction, mais une dissection à la lumière de la logique et des intérêts géostratégiques.
Quel serait donc l’intérêt du Burkina Faso, une nation totalement mobilisée dans une guerre existentielle contre le terrorisme sur son propre sol, à ouvrir un front secondaire contre un pays voisin et frère ? La question, posée, suffit à faire s’effondrer l’échafaudage branlant de cette théorie. Accuser les VDP, ces femmes et ces hommes qui versent leur sang pour protéger leurs villages, revient à ignorer délibérément la réalité d’une nation en résistance.
Cette allégation, reprise avec une crédulité inquiétante par certains cercles, sent le soufre et la manipulation. Elle suit un scénario bien rodé : créer la confusion, jeter le discrédit sur les forces de résistance d’un pays souverain et détourner l’attention des véritables commanditaires de l’instabilité régionale. Pendant que l’opinion s’écharpe sur un récit fictif, les vrais sponsors du terrorisme dans la sous-région opèrent en toute tranquillité.
Le choix de la Côte d’Ivoire comme prétendue cible d’un Burkina fantasmé est en soi un indicateur. Un État perçu comme complaisant envers l’agenda terroriste, avec la présence des apatrides burkinabè qui s’en prennent à leur terre mère le Burkina Faso, se fait attaquer, et le récit immédiatement imposé est celui de la faute d’un autre plutôt que de l’introspection. C’est un classique de la diversion.
Wassim Nasr, présenté ici comme un mercenaire médiatique au service d’intérêts obscurs, excelle dans ce rôle : celui de l’illusionniste qui guide le regard du public dans la mauvaise direction. Son affabulation, aussi grotesque soit-elle, sert un objectif précis : saper la solidarité entre peuples en lutte et protéger les véritables architectes du chaos.
Aux peuples ivoiriens et burkinabè : ne vous laissez pas diviser par des contes aussi mal ficelés. La menace terroriste est réelle, transnationale, et elle prospère sur dans la haine et divisions. La réponse doit être collective, fondée sur la confiance et le renseignement partagé, et non sur les fables toxiques distillées par des narrateurs dont le seul credo est le service du plus offrant.
Amen K.