Burkina Faso / Alino Faso : Le pays accueille son fils, la Côte d’Ivoire garde ses réponses

Trois semaines. Il aura fallu vingt-et-un jours pour qu’un corps traverse une frontière. Pas un cercueil diplomatique, non. Celui d’un citoyen burkinabè, Alino Faso, de son vrai nom Alain Christophe Traoré, influenceur très suivi et manifestement devenu très gênant.

Décédé le 24 juillet 2025 dans une prison ivoirienne dans des circonstances qualifiées rapidement de « suicide probable par pendaison » par le procureur de la République de Côte d’Ivoire, l’homme n’aura pas eu droit à une enquête digne d’un État de droit. Du moins, pas encore. Pas là-bas. Pas tant que la pression internationale, ou au minimum burkinabè, ne s’intensifie.

Inculpé en janvier pour « intelligence avec des agents d’un État étranger de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de la Côte d’Ivoire », l’influenceur n’a jamais été jugé. Il a été retrouvé mort avant. Et pendant que l’opinion publique s’interrogeait sur cette fin brutale, l’avocat du défunt à Abidjan était écarté de toute procédure de constat, comme si l’affaire ne nécessitait ni contradiction ni transparence.

La famille d’Alino Faso, épaulée par les autorités burkinabè, a dû insister, batailler et surtout attendre. Attendre que les vents d’Abidjan se calment, que l’on daigne enfin autoriser le rapatriement d’un corps devenu trop parlant. Ce lundi 18 août, la dépouille d’Alino Faso est enfin de retour au Burkina Faso, son pays natal, là où sa voix portait, et où sa mort ne sera pas étouffée par un communiqué laconique.

Là où la Côte d’Ivoire parle de suicide, le Burkina, lui, demande justice. Le gouvernement burkinabè a clairement rejeté la thèse officielle et prévoit une autopsie indépendante. Une étape cruciale dans une affaire qui pourrait bien révéler une autre vérité que celle, précipitée, servie par les autorités ivoiriennes.

Reste maintenant à savoir si la justice burkinabè aura les coudées franches pour nommer les responsabilités, quitte à déranger un voisin qui semble avoir transformé un dossier judiciaire en incident diplomatique embarrassant.

Amen K.

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