La mort brutale d’Alain Christophe Traoré, plus connu sous le nom d’Alino Faso, survenue jeudi dernier dans une école de gendarmerie en Côte d’Ivoire, suscite une onde de choc aussi bien au Burkina Faso que dans la sous-région. Militant engagé et voix critique à l’égard des dérives politiques, Alino Faso était connu pour ses prises de position tranchées. Sa disparition en détention, dans des conditions encore opaques, soulève de nombreuses interrogations.
Le gouvernement burkinabè, par la voix de son porte-parole Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, a fermement condamné ce qu’il qualifie sans ambages d’« assassinat crapuleux ». Une sortie officielle forte, marquée par des mots lourds de sens : « consternation », « indignation », « circonstances obscures ». Ce langage clair tranche radicalement avec le flou diplomatique souvent de mise dans ce genre d’affaires. Ouagadougou, visiblement résolu à ne pas laisser cette affaire sombrer dans l’oubli, donne ainsi une voix à la douleur d’un peuple meurtri par la perte d’un de ses fils.
En revanche, la réaction ivoirienne s’apparente davantage à un exercice de communication maladroit. Le communiqué des autorités d’Abidjan, laconique et dénué de tout sens des responsabilités, ne convainc ni les observateurs ni les proches du défunt. Aucune lumière sur les causes exactes du décès, aucune garantie d’enquête indépendante, aucune compassion véritable. Une posture bureaucratique qui frise le mépris, et qui alimente une légitime suspicion.
Alors que les tensions entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso étaient déjà palpables, ce drame risque d’aggraver davantage des relations bilatérales fragiles. L’attitude ivoirienne, loin d’apaiser, jette de l’huile sur le feu. Le peuple burkinabè attend des explications, pas des formules creuses.
Face à cette tragédie, il est impératif que justice soit rendue. Le courage politique affiché par les autorités burkinabè mérite d’être salué. Leur refus de se taire, leur appel à la vérité, sont autant de signaux adressés non seulement à Abidjan, mais à toute l’Afrique de l’Ouest. On ne peut tolérer que des militants disparaissent en détention, sans que cela suscite une levée de boucliers. Alino Faso n’est plus, mais son combat pour la vérité et la dignité continue.
Amen K.