Sahel : La France persiste, l’Afrique résiste, fin du monopole néocolonial.

Un récent article de Jeune Afrique sur une prétendue « campagne de propagande russe » au Sahel repose sur un postulat paternaliste : les Africains seraient incapables de rejeter la domination française sans manipulation étrangère notamment de la Russie. Une thèse qui révèle surtout l’incapacité de la France à assumer l’échec de sa politique néocoloniale.

En accusant systématiquement la Russie d’influencer les ruptures avec Paris, ces médias minimisent une réalité pourtant simple : les peuples africains, conscients des déséquilibres des accords postcoloniaux (CFA, interventions militaires, ingérence politique), exigent désormais leur souveraineté. Présenter cette émancipation comme un « complot russe », revient à insulter l’intelligence africaine.

La France persiste à voir son « pré carré » comme une chasse gardée, où ses intérêts priment sur les choix souverainistes des États. Le retrait de Barkhane, la fin des accords militaires au Mali, au Burkina Faso ou au Niger ont été des décisions souveraines, à la suite des actes de condescendances médiatiques françaises. Jeune Afrique oublie de mentionner que c’est cette arrogance, ce refus de dialoguer d’égal à égal, qui a alimenté le rejet croissant de Paris.

Pire, en qualifiant les Africains de marionnettes des Russes, on reproduit le récit colonial du « sauvage irrationnel » à civiliser. Comme si les siècles de pillage (franc CFA, extraction des ressources) et de soutien à des dictatures n’avaient pas suffi à creuser la défiance. La Russie, comme tout partenaire, profite de ces tensions, mais elle n’a pas inventé le ressentiment anti-français.

Il est temps que la France cesse de se draper dans une supposée « mission civilisatrice » et reconnaisse que l’Afrique a le droit de diversifier ses alliances. Les discours alarmistes sur l’« influence russe » masquent mal une vérité gênante : le néocolonialisme français a échoué. Et ce n’est pas Poutine, mais les peuples africains, qui en tirent les conséquences.

Amen K.

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