La récente décision du Mali, du Niger et du Burkina Faso de quitter l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) marque un tournant historique dans la lutte contre l’hégémonie linguistique et culturelle en Afrique. Ces trois pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES) envoient un message fort : il est temps de rompre avec les vestiges coloniaux qui entravent l’émancipation des peuples africains. Cette démarche audacieuse doit servir d’exemple et inciter l’ensemble du continent à questionner le rôle de la Francophonie, souvent présentée comme un espace de coopération, mais qui, en réalité, perpétue une forme subtile de domination.
La Francophonie, héritage direct de la colonisation, est bien plus qu’une simple alliance linguistique. Elle est un instrument de soft power qui maintient les pays africains dans une relation de dépendance vis-à-vis de l’ancienne puissance colonisatrice. En adoptant le français comme langue officielle, de nombreux États africains ont involontairement sacrifié leurs langues locales, véhicules de leurs cultures et de leurs identités. Cette imposition linguistique a créé une fracture sociale, où une minorité éduquée maîtrise la langue du pouvoir, tandis que la majorité est marginalisée.
Pourtant, l’Afrique regorge de richesses linguistiques et culturelles qui méritent d’être valorisées. Les langues locales, telles que le bambara, le haoussa, le wolof ou le swahili, sont des trésors inestimables qui portent en elles les savoirs, les traditions et l’histoire des peuples. En leur redonnant leur place centrale, nous pourrons construire des sociétés plus inclusives et authentiquement africaines.
La décision du Mali, du Niger et du Burkina Faso de quitter l’OIF est un acte de résistance contre cette hégémonie linguistique. Elle ouvre la voie à une réappropriation de nos identités et à une véritable souveraineté culturelle. Mais cette démarche ne doit pas rester isolée. Elle doit inspirer l’ensemble du continent à se libérer des chaînes invisibles de la Francophonie et à embrasser ses propres langues et cultures.
Il est temps pour l’Afrique de tourner la page de la colonisation linguistique et de construire un avenir où ses langues et ses cultures seront au cœur de son développement. La Francophonie ne doit plus être un outil d’assujettissement, mais un choix libre et conscient.
Amen K.